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DE LA VILLE DE PARIS.
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l'on requiert à la Villé s'obliger, et qu'il ya d'autres bonnes villes aussy requises de passer semblables obligations, dont les unes les ont jà passées; et que, considérez les maulx qui adviennent de la guerre, l'on doibt aymer et louer toutes personnes, sy petiz personnaiges soient ilz, qui se meslent de traicter paix;
" A aussy remonstré que ceste ville, qui est la prin­cipalle et capitalle du Royaume, doibt estre exemple aux autres ; et que Madame a ceste foy envers la Ville : toutes foys, pour cause qu'elle n'a encores eu aucune responce de la Ville sur lesd, lettres, a envoyé monsr de Jonas, cy present, notable et discret gen­tilhomme, pour entendre dont ce procede et luy en faire rapport.
n E t qu'il est bien à considerer que inessrslesPririces et seigneurs dn Sang ni monsr le Chancellier, qui est sage et prudent C, n'eussent jamays agréé ne consenty le traictié tel qu'il est, s'ilz n'eussent en­tendu et congnu le grant bien qu'il en adviendra :
"A ces causes et autres plus amplement par luy alléguées, a requiz l'assistance, pour et ou nom du Roy et de lad. Dame, qu'ilz vueillent accorder et expedier lad. obligation selon la forme qu'elle a pieç'a envoyée. Ce que faisant, sera la Ville cause d'ung bien universel, car s'en ensuivra paix et abré­viation de la delivrance de la personne du Roy."
Après ce, led. sr de Jonas a dit : «Mess™, je ne vous sauroye plus que dire; monsr d'Aix a tout dit. »
Et sur ce, mons1' le Prevost des Marchans adit ausd, s™ d'Aix et de Jonas :
"Messieurs, vous savez quant l'on s'oblige, l'on veult bien savoir à quoy et avoir seureté de n'en porter aucun dommaige. "
Alors led. monsr d'Aix a respondu :
" Quant à l'obligation, il l'a demandée ct demande en la forme qu'il a pieç'a presentée de par mad. Dame; et au regart de la seureté, il ne faict nulle doubte que Madame ne la baille telle que on voul­dra, et jà en a fait en semblable cas à monsr de Montmorency et autres'2), par quoy la Ville n'y aura dommaige. »
Et ce a confermé led. sr de Jonas; puys s'en sont parlitz de l'Assemblée lesd. monsr d'Aix et de Jonas.
Après ce, monsr le Prevost des Marchans, maistre Jehan Morin, a dit :
"Mess™, vous avez entendu le propox de mess" d'Aix et Jonas, et le bien qui vient de paix. Ceste matiere est de (elle importance que c'est raison que ceulx qui y sont appellez se tiennent, el que chascun cn oppiné en liberté de conscience; ct pour ce s'il y a aucuns cy presens qui n'ayent esté appellez ce­ans, ilz doibvent vuyder.
"Plusieurs villes nous ont escript, ausquelles n'a­vons voullu faire responce, et ad cc que entendons, se veullent descharger sur nous; et pour ce il y fault bien entendre qu'ilz ne facent excuse sur nous.
" Madame par cy devant a escript et envoyé à la Ville deux lettres avecques deux formulaires, l'un d'obligation et l'autre de publication de paix. Des lors feismes nostre debvoir dc faire l'Assemblée'3'; el cn icelle furent appellez mess" les Evesque et Chap­pitre de Paris, l'Université, les abbez, prieurs el. autres colleges et communaultez d'Eglise; la Court de Parlement, la Chambre des Comptes, les gene­raulx dc la Justice, et autres officiers du Roy es ju­risdictions temporelles, si comme il nous est apparu par escript et rapport des Quarteniers qui ont charge cl'appeller ceulx qui sont à appeller aux Assemblées. Et pour ce que les dessusd, appellez ne se trouverent en lad. Assemblée, et aussy que plusieurs des bour­geois ct marchans qui semblablement y avoient esté appellez ne s'i trouverent : à ces causes fut advisé et oppiné par les assistans quc la Compaignye n'es­toit pas entiere ne suffisante, et qu'il falloit que tous les dessusd, s'i trouvassent; et fut remys l'affaire à une autre Assemblée où ilz seroient de rechef ap­pelIez. Et pour y satisfaire lesd. Prevost des Mar­chans et Eschevins, seroient allez en lad. Court de Parlement les supplier eulx trouver à l'Assemblée qui se feroit : lesquelz de la Court sc seroient excu­sez; toutes fois et non obstant leurs excuses, ilz el les dessusd, auroient esté rappeliez par lesd. Quar­teniers à ce jourd'huy de relevée.
«Et ce matin lad. Court auroit mandé led. Pre­vost, luy auroient fai t remonstrance et excuses; etl'au-roient chargé les remonstrer en ceste presente As-
(•) Le chancelier était alors le cardinal Duprat.
(2)    Un état de ces obligations figure parmi les pièces du dossier J 666, liasse ll. (Voy. la Notice préliminaire, pages 267 e- -68> e-ci-dessous aux notes respectives des pages 3oo et 3o3.)
(3)   Tenuele 4 octobre précédent; ci-dessus art. 63, dont ce paragraphe est le résumé succinct.
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